L’« Affaire Paris-Berlin» éclate en 1904 au sein des Archives d’anthropologie criminelle. Cette controverse, qui a pour objet la sexualité, fait un étrange écho aux tensions politiques qui opposent la France à l’Allemagne depuis le Traité de Francfort. Humiliée par sa défaite militaire de 1871 et la perte de l’Alsace-Moselle, la France ne cesse depuis de craindre son puissant voisin et de se mesurer à lui. La politique étrangère, les luttes d’influence en Europe et les ambitions coloniales rivales, notamment au sujet du Maroc (« Crise de Tanger » en 1905 et « Crise d’Agadir » en 1911) constituent le champ habituel de la confrontation. Au-delà des intérêts de puissance, Français et Allemands prétendent porter, chacun pour leur compte, un certain rapport à la culture et à la civilisation. Pour les Allemands, la victoire de 1871 est la preuve indubitable de la supériorité germanique. Pour les Français, le germanisme, quelles que soient les réussites matérielles allemandes, porte en lui un élément de « barbarie » qui ne pourra jamais prétendre à égaler l’héritage gréco-latin dont la France est issue. Un éclairage étonnant sur cette controverse anthropologique sur fond de nationalisme exacerbé nous est fourni par l’« Affaire Paris-Berlin ». L’objet de la querelle est de savoir qui, de Paris ou de Berlin, est la capitale de l’homosexualité et … Télécharger l’article complet en pdf ici >> Retour sur une controverse franco-allemande
**** Article paru dans Liliane Hilaire-Peréz (dir.), Les savoirs-mondes. Mobilités et circulation des savoirs depuis le Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, 2015.