Les camps de concentration nazis, n’étaient pas des institutions mixtes. En 1942, un nouveau Kommando fut créé au camp de femmes de Ravensbrück : le Sonderbau. Les femmes qui y furent affectées étaient ensuite transférées vers les grands camps de concentration pour hommes (Buchenwald, Neuengamme, Sachsenhausen, Dachau, etc.) afin d’y travailler pour une durée de six mois, en tant que prostituée. L’accès auSonderbau, au « bordel » était réservé à une minorité d’internés. Seuls les détenus (hommes) les plus méritants, avaient le droit de s’y rendre. Cette mesure avait officiellement pour objectif d’augmenter la productivité des internés. Dans cet article de synthèse, nous mettrons en lumière les conditions sociales de réapparition du « bordel » dans la mémoire des camps. D’un point de vue théorique, les paradigmes sociologiques de la mémoire collective seront employés. Aussi, nous verrons dans quelle mesure les bordels s’inscrivent dans le cadre d’une politique étatique de régulation de la sexualité dont les camps de concentration sont parties liées, nous examinerons le sort des femmes déportées affectées au Sonderbau, enfin, nous considérerons l’hypothèse selon laquelle les bordels ont aussi été créés en tant que mesure de lutte contre les relations homosexuelles dans les camps. Lire la suite …
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Article paru dans Trajectoires, n°1, 2007.