RT28 – Recherches en sciences sociales sur la sexualité – Appel à communications Congrès 2019: Classer, déclasser, reclasser.
L’étude des sexualités tant en termes de pratiques, de représentations et d’identités fait l’objet de formes de classement se trouvant au coeur d’enjeux scientifiques, politiques, militants et profanes. Nous proposons de centrer nos réflexions autour de 5 axes. Ces quelques pistes de recherches n’en excluent pas d’autres, et toute proposition mobilisant les outils des sciences sociales de la sexualité est bienvenue.
1) Classement et luttes de classements
L’appel à communications du congrès entend interroger les manières dont les formes de classement d’individus, de collectifs et de groupes agissent sur les sociétés d’hier et d’aujourd’hui. Nous nous proposons d’examiner en ce sens : les discours et les pratiques de la sexualité ordinaire ; les limites et porosités de ces classements, et leurs articulations dans différents espaces sociaux, qu’ils soient politiques, physiques, numériques ; régulations, gouvernement, contrôle des sexualités (Droit, Médecine, Sexologie) et comment les institutions (re)qualifient les catégories « déviantes » ; les « nouvelles » façons de classer les sexualités (asexualité, pansexualité, polyamour etc.) ; appropriations, réceptions et modifications des catégories sexuelles par les militant.e.s et les individus.
2) Classer, catégoriser, mesurer : une activité de recherche
Cet axe, dans une visée plus épistémologique et méthodologique, interroge la façon dont les sciences sociales, avec des méthodes tant qualitatives que quantitatives, ont classé, catégorisé et mesuré la sexualité. Plus précisément, on pourra expliciter nos opérations concrètes de classement : quelles sont les démarches adoptées dans la prise de notes ethnographiques, ou encore dans la conception et l’analyse d’entretiens ou d’enquêtes statistiques ?
Par ailleurs, l’autonomie des opérations de classements sociologiques de la sexualité par rapport à d’autres formes de catégorisation scientifiques (en particulier épidémiologiques), administratives, militantes ou profanes est à questionner. Les frontières entre les principes de classement sont-elles poreuses ? Dans quelle mesure les sciences sociales s’approprient-elles et/ou réutilisent-elles des modes de classification ? Par exemple, comment les orientations sexuelles sont-elles délimitées par les chercheur.e.s ? Ou encore, comment passe-t-on de la description d’une pratique sexuelle à sa catégorisation scientifique (définitions de la « première fois », du nombre de partenaires sexuel.le.s, de ce qui constitue une violence sexuelle, etc.) ?
Enfin, nous invitons à une réflexion sur la circulation des concepts et sur les effets performatifs que nos classements peuvent avoir, notamment en termes de légitimation ou d’invisibilisation d’un problème public, de constitution d’un champ académique, ou de limites dans les mesures d’un phénomène.
3) Appel session croisée – RT 15 – RT 28 – Classer et être classé : jeunes & sexualité.
Les réponses à cet appel à communication se font via ce lien : http://afs-socio.fr/appel-a-communication/76/appel-session-croisee-rt-15-rt-28-classer-et-etre-classe-jeunes-sexualite/
Cette session commune aux RT « Jeunesse » et RT « Recherches en sciences sociales sur la sexualité » propose d’analyser les enjeux autour de la catégorisation des partenaires au moment de l’entrée dans la sexualité. Il s’agira donc de chercher à comprendre à la fois la construction sociale et individuelle des classements des partenaires (manière de les différencier, de les hiérarchiser) et des classements de soi (manières de se classer ou d’être classé). Les classements jalonnent en effet les parcours individuels y compris dans les sphères les plus intimes comme la sexualité, ces classements ne sont pas sans effets sur la manière même de vivre sa sexualité et des rapports de pouvoir qui peuvent s’y jouer (Bajos et Bozon, 2008 ; Clair, 2010 ; Debauche et al., 2017). Comment les processus de classification / déclassification / reclassification participent à la construction des catégories de partenaires et de soi dans la sexualité (Bergström, 2016 ; Brasseur et Nayak, 2018) ? Comment ces processus participent également à la production et reproduction de hiérarchies sociales (Amsellem-Mainguy, Coquard et Vuattoux, 2017) et participent à la (re)production de normes dans des sociétés hétéronormatives ? Dans une perspective intersectionnelle, on cherchera à comprendre également ce que ces processus de classement dans la sexualité disent des rapports de pouvoirs, dans la mesure où la production des catégories et des classements sociaux constitue une part importante de l’activité des individus et des institutions.
4) Appel session croisée – RT 50 « Socialisations » et RT 28 « Recherches en sciences sociales sur la sexualité »
Les réponses à cet appel à communication se font via ce lien : http://afs-socio.fr/appel-a-communication/67/appel-session-croisee-rt-50-socialisations-et-rt-28-recherches-en-sciences-sociales-sur-la-sexualite/
Cet appel commun vise à articuler les thématiques au centre des RT28 « Recherches en sciences sociales sur la sexualité » et RT50 « Socialisations » de deux manières. D’une part, nous appelons des communications qui s’intéressent aux formes et aux processus de socialisation à la sexualité, qu’elle soit hétéro-, homo- ou bi-sexuelle. Il s’agit de réfléchir aux instances (famille, école, pair·e·s, productions culturelles, monde numérique, etc.) et aux pratiques par lesquelles les individus intériorisent des normes, scénarios et scripts sexuels. Ce faisant, ce sont autant les processus de socialisation primaire (de la phase d’initiation à l’entrée dans la sexualité) que les transformations des pratiques au fil de la vie (par exemple post-séparation conjugale) qui nous intéressent. D’autre part, la perspective inverse consistant à considérer la sexualité comme un cadre socialisateur à d’autres pratiques et visions du monde est également au cœur de cette session. Les communications qui interrogent la sexualité comme lieu de production d’autres dispositions ou représentations (en termes de genre, de politique, etc.) sont les bienvenues.
5) Appel session croisée – RT 43 « Sociologie et Religion » et RT 28 « Recherches en sciences sociales sur la sexualité » : Sexualité, conjugalité, religion : quelles articulations ?
Les réponses à cet appel à communication croisée se font via ce lien : http://afs-socio.fr/appel-a-communication/77/appel-session-croisee-rt-43-sociologie-et-religions-et-rt-28-recherches-en-sciences-sociales-sur-la-sexualite-sexualite-conjugalite-religion-quelles-articulations/
Les travaux récents portant sur les liens entre sexualité, conjugalité, genre et religions, soulignent en particulier la montée des conservatismes religieux, en lien notamment en France avec les oppositions au mariage pour tous. Cette montée des conservatismes religieux et les discours patriarcaux sur la sexualité ne circonscrivent toutefois pas l’ensemble des modes d’imbrication entre sexualité et conjugalité, genre et religions.
Fort de ce constat, cet appel commun aux RT 28 et 43 se propose de faire un triple pas de côté : tout d’abord en adoptant un regard large sur la religion et en s’intéressant à différentes formes d’engagement religieux, notamment celles qui sont moins visibles dans l’espace public. Ensuite, en déplaçant le regard des normes (religieuses, conjugales, sexuelles) vers les pratiques. Enfin, en interrogeant les rapports sociaux sous-tendant les appartenances, croyances et pratiques religieuses, tout autant que sexuelles et de genre, des individus.
Plus précisément, les communications pourront s’inscrire dans une de ces trois thématiques :
- Une approche socio-historique des classifications religieuses de la sexualité et de la conjugalité ;
- Les luttes de classement à l’œuvre autour de la définition religieuse des pratiques conjugales et sexuelles ainsi que leurs arrière-plans sociaux, politiques et institutionnels.
- La prise en compte des rapports sociaux structurant les pratiques et représentations religieuses et sexuelles des individus : peut-on parler d’un « effet » de la religion sur la sexualité ou la conjugalité contemporaine ?
Cet appel à communication a pour objectif de réunir des travaux ayant un terrain empirique fort (ethnographique comme statistique) en couvrant une variété de terrains d’enquête et en veillant à ne pas laisser de côté les pratiques ordinaires et la banalité religieuse et sexuelle.
–
Envoi des propositions de communications
Les propositions de communication, d’une taille maximale de 2 500 signes (espaces compris), devront mentionner les informations suivantes :
– Nom et prénom du/des auteur.e.s
– Adresse(s) électronique(s)
– Fonction(s)
– Discipline(s)
– Institution(s) de rattachement
– Le cas échéant, session croisée dans laquelle s’inscrit la proposition (pour rappel ces propositions doivent être déposées dans les appels à communication spécifiques)
Les propositions devront préciser les concepts utilisés et les matériaux empiriques mobilisés. Les propositions sont à déposer sur le site de l’AFS selon les modalités communes à tous les RT, avant la date limite fixée au 15 février 2019. La décision du comité d’organisation sera communiquée aux auteur-e-s fin mars.
Une proposition acceptée pour le congrès sera effectivement prise en compte dès lors que les communicants auront satisfait aux exigences de l’AFS en adhérant à l’Association Française de Sociologie (ou en s’assurant que leur adhésion est à jour), en s’inscrivant au congrès et en déposant leurs résumés sur le site de l’AFS. Cette responsabilité incombera aux auteurs.
Contacts : Marie Bergström (marie.bergstrom@ined.fr) et Pierre Brasseur (brasseurph@gmail.com)