Cet article paru dans la revue Gouvernement et action publique (n° spécial “Minorités sexuelles et de genre dans les services publics”) analyse les hiérarchies informelles fondées sur la sexualité dans le monde policier à partir d’une enquête par entretiens conduite auprès d’agente·s lesbiennes, gays et hétérosexuel·le·s dans le cadre de l’enquête Homocop cofinancée par la Dilcrah.
Tout en constatant l’érosion du monopole de la norme hétérosexuelle au cours des dernières décennies dans la profession policière, l’article montre que les sexualités perçues comme non conformes demeurent un stigmate avec lequel les agent·e·s concerné·e·s doivent composer. Les rappels à l’ordre hétéronormatifs se manifestent dès le début de la socialisation professionnelle puis interviennent de manière plus ou moins marquée en fonction des grades et des types de postes occupés. Face aux assignations hétéronormatives qui jalonnent leurs carrières, les policières et policiers gays et lesbiennes mettent donc en œuvre des stratégies de dissimulation, de contournement et de négociation visant à « faire face », tout en préservant leur inclusion dans le groupe de pairs. L’analyse des trajectoires individuelles révèle une communauté d’expérience face aux épreuves de la stigmatisation tout en soulignant le poids de la dimension intersectionnelle, tant dans les manifestations du stigmate que dans les possibilités d’y faire face.
L’article est disponible sur le portail Cairn en suivant ce lien : https://www.cairn.info/revue-gouvernement-et-action-publique-2022-1-page-37.htm
Référence : Gauthier, J., Schlagdenhauffen, R. & Noûs, C. (2022). Faire face à l’hétéronormativité en contexte policier. Gouvernement et action publique, Vol. 11, p. 37-60. https://doi.org/10.3917/gap.221.0037